Les oppositions, et notamment le Rassemblement national, sont-elles responsables, comme l'affirme l'exécutif, du premier revers du budget 2026, massivement rejeté dans l'Hémicycle ? Selon Laurent Jacobelli, élu Rassemblement national en Moselle et porte-parole du parti, "c'est une espèce de soupe tiède où tout le monde se tient par la barbichette, quitte à ponctionner les Français de manière fiscale."
Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
Alix Bouilhaguet : Vendredi soir, le volet recettes du projet de loi de Finances a été rejeté. Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, redoute le début d'une crise financière et économique. Elle pointe également le "cynisme des arnaqueurs" en désignant La France insoumise et le Rassemblement national. À qui la faute ?
Laurent Jacobelli : Écoutez, c'est presque drôle d'être traité d'arnaqueur par une macroniste. Les macronistes qui ont amené la France à 3 400 milliards de dettes, on a même du mal à le dire, qui ont augmenté la pression fiscale sur les Français : plus 250 milliards depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron, donnent des leçons d'économie aux autres. Les "Mozart de la finance" se sont avérés être les spécialistes du couac dans leur orchestre mal géré. Je pense que tout cela doit cesser. Le budget que nous proposait Madame de Montchalin, c'était 19 milliards d'impôts supplémentaires pour les Français et 28 milliards supplémentaires de dépenses publiques. Il faut aller chasser dans la mauvaise dépense et ne plus prendre un seul centime dans la poche des Français.
Pourtant, dans le JDD, Gabriel Attal ne vous fait pas non plus de cadeau : il dit que le RN vote 35 milliards d'euros de taxes sur les entreprises tout en affirmant, et c'est ce que disait Jordan Bardella, qu'il est l'ami des patrons. Il dit aussi que le Rassemblement national défend ceux qui travaillent mais refuse les réformes de l'assurance chômage et le RSA sous conditions. Gabriel Attal résume cela en disant que le RN a un programme économique plus étatiste que la gauche.
Gabriel Attal, rappelez-moi, c'est celui qui a été ministre de l'Éducation nationale sous Emmanuel Macron et qui est devenu maintenant son meilleur ennemi ? Je crois que tout cela, c'est de la comédie.
Ce qu'il faut voir aujourd'hui, c'est que, concrètement, sur les 35 milliards d'euros de taxes sur les entreprises, c'est factuellement vrai.
Non, mais je vais vous répondre. Ceux qui gouvernent aujourd'hui, ce ne sont pas les macronistes, ce sont les socialistes. Chassez François Hollande par la porte, il revient par la fenêtre. Ce sont les socialistes, aujourd'hui, qui ont un revolver sur la tempe du gouvernement, parce que sinon, ils censurent, et sinon, il y a élection. Or, ni les socialistes ni les LR ne veulent y aller. C'est une espèce de soupe tiède où tout le monde se tient par la barbichette, quitte à ponctionner les Français de manière fiscale. Je vais vous répondre sur les milliards. Nous, ce que nous voulons, c'est que les entreprises paient moins d'impôts globalement. Mais pour ça, il faut que tout le monde paie l'impôts. Il y a aujourd'hui des multinationales étrangères qui font des bénéfices en France qui transfèrent leurs bénéfices à l'étranger et ne paient pas d'impôts. C'est comme si le boulanger au coin de votre rue payait plus d'impôts qu'Amazon.
Personne ne peut imaginer que c'est normal. Sauf que c'est peut-être un coût anticonstitutionnel...
Écoutez, c'est la réponse du gouvernement dès qu'il n'est pas d'accord. C'est anticonstitutionnel. Alors, à ce moment-là, ne faisons rien. Continuons à laisser nos entreprises dans la détresse. Continuons à matraquer fiscalement nos compatriotes. Il faut que ça cesse. Et quand nous avons proposé une baisse des impôts de production de 5 milliards, c'est le gouvernement qui s'y est opposé. Donc vous voyez bien qu'il y a là la logique du gouvernement : celle du matraquage fiscal. La fainéantise intellectuelle à ne jamais se remettre en question, mais surtout ne jamais toucher aux dépenses d'immigration, aux dépenses de l'Union européenne et aux dépenses, pour engraisser un État devenu obèse.
Tout ça pourrait finir en loi spéciale. Est-ce que finalement une loi spéciale, c'est mieux qu'un mauvais budget ?
Non, mais écoutez, tout est terrible. On a le choix qu'entre des mauvaises solutions. Je vais vous dire, la vraie solution serait la dissolution pour qu'on ait une vraie majorité Rassemblement national à l'Assemblée avec un gouvernement Jordan Bardella et une politique claire, stratégiquement définie, avec le budget qui va avec. Aujourd'hui, on a un budget écrit par les socialistes, défendu par des macronistes, et encore, ils votent parfois contre leur propre budget, et soumis aux LR qui, eux, ont peur des électeurs. Tout cela n'a pas de sens. On arrive vers une espèce de radicalité fiscale, un socialisme version 2.0. C'est exactement ce qui a tué l'économie française et qu'il faut éviter.
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