De la crème dans la carbonara ? Polémique en Italie autour de la sauce vendue dans la supérette du Parlement européen

De la crème dans la carbonara ? Polémique en Italie autour de la sauce vendue dans la supérette du Parlement européen

Les pâtes carbonara représentent le plat le plus «contrefait» au monde, en offrant une multitude de variantes selon les pays et les consommateurs. Andreas SOLARO / AFP

Un ministre et des eurodéputés italiens ont brocardé un pot de carbonara vendu dans la supérette du Parlement européen et insuffisamment italien à leurs yeux. L’entreprise Delhaize balaie une polémique sans fondement.

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Tempête autour d’une sauce : un ministre et des eurodéputés italiens ont brocardé un pot de carbonara vendu dans la supérette du Parlement européen, jugé insuffisamment italien à leurs yeux, l’entreprise balayant une polémique sans fondement.

De la crème dans la carbonara ? Avec un drapeau italien sur l’étiquette ? Photo à l’appui, c’est le ministre italien de l’Agriculture Francesco Lollobrigida qui a lancé la première salve sur les réseaux sociaux en début de semaine.

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Il dénonce une «pratique trompeuse» qui pourrait violer le règlement UE 1169/2011 sur l’étiquetage des denrées alimentaires, selon lequel l’usage de symboles italiens sans justifier une origine italienne peut être considéré comme mensonger, rapporte le journal italien Corriere della Sera.  «Il est inacceptable de voir» ces produits au Parlement européen, a-t-il grincé, en annonçant avoir lancé une «enquête» immédiatement.

Les pâtes carbonara représentent le plat le plus «contrefait» au monde

Les élus d’extrême droite de Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni, ont à leur tour fait monter la sauce. L’eurodéputé Carlo Fidanza a écrit à la présidente du Parlement, Roberta Metsola, pour demander des vérifications. Il estime que ces produits, bien que “italian-sounding”, pourraient «induire le consommateur en erreur, détériorant la réputation du “vrai” Made in Italy  ».

Fratelli d’Italia ne considère pas ce produit comme suffisamment Made in Italy. D’autant qu’il ne correspond pas à la recette traditionnelle de la carbonara, qu’on prépare sans crème ni pancetta, mais avec de la joue de porc séchée (guanciale), du pecorino, des œufs et du poivre, une exigence culinaire fortement mise en avant par le ministre.

Les pâtes carbonara représentent le plat le plus «contrefait» au monde en offrant une multitude de variantes selon les pays et les consommateurs. Les pays anglo-saxons optent pour du bacon à la place du guanciale, les États-Unis remplacent le pecorino par une tout autre variété de fromage et la Belgique y ajoute de la crème dans sa sauce...

«Nous sommes quelque peu surpris par la réaction»

Le groupe agroalimentaire belgo-néerlandais Delhaize, qui possède la supérette située au rez-de-chaussée du Parlement européen, ne s’est toutefois pas démonté. «Nous sommes quelque peu surpris par la réaction et l’attention médiatique autour de certaines sauces pour pâtes de la marque maison Delhaize», a relevé un responsable de la communication auprès de l’AFP. «Tant la dénomination que l’emballage sont entièrement conformes à la législation en vigueur», souligne-t-il.

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«Nous ne voyons donc aucune raison d’adapter ces produits et les emballages, d’une manière ou d’une autre. Les produits existants restent donc disponibles dans nos rayons» au Parlement comme ailleurs, a conclu Delhaize. Selon le site internet de la marque, cette sauce «très onctueuse» contient de la crème, du lait, de la pancetta fumée et des fromages italiens (Pecorino et Grana Padano). Une composition qui choque certains puristes gastronomiques, car elle s’écarte nettement de la carbonara romaine traditionnelle.

Au-delà de la querelle culinaire, l’enjeu est aussi économique explique le journal Corriere della Sera.  Le phénomène de «l’italian sounding» représente une perte financière colossale pour l’agroalimentaire italien. Selon l’organisation agricole Coldiretti, cette imitation massive coûterait chaque année près de 120 milliards d’euros à l’économie italienne, un chiffre régulièrement mis en avant par le ministre Lollobrigida pour justifier son offensive.