Peu de journalistes peuvent se targuer d'avoir interviewé Rihanna. Léna Situations l'a fait. Pendant une quinzaine de minutes, elle interroge la chanteuse sur sa marque et ses aspirations.
Zendaya, Timothée Chalamet, Pharell Williams et Billie Eilish : tous sont passés sur le canapé de l'influenceuse. Cette dernière a annoncé, il y a peu, qu’elle questionnerait bientôt Kim Kardashian.
La jeune entrepreneuse ne se présente pas comme journaliste, et pourtant elle en adopte les codes : micro, interview, exclusivité, confidences.
Information ou divertissement ?
Les stars sont souvent difficiles à interviewer, pour un journaliste. Quand les attachés de presse ou les agents acceptent (ce qui n’arrive pas souvent), il n’a que quelques minutes pour poser ses questions. Dans son podcast, Léna Situations reste bien plus de temps avec ses invités.
Il faut reconnaître que, pour les stars, c’est confortable d’être reçu par un influenceur. D’abord, cela leur permet de toucher une forte audience et un public plus jeune que celui des médias traditionnels.
Surtout, c’est plus simple et moins risqué. Un journaliste ne sert pas la soupe de la personne qu’il interviewe. Il est capable de mettre en difficulté, de challenger, de rebondir, chose que l’on observe beaucoup moins chez les influenceurs, qui sont là pour divertir et non pour informer.
Plusieurs professionnels du monde des médias regrettent que l’on brouille les pistes entre influenceurs, rémunérés par la publicité et la communication, et journalistes, payés par des rédactions pour informer le public.
Les jeunes ne font plus confiance aux médias
Dans son livre Sois jeune et tais-toi, la journaliste Salomé Saqué explique que les jeunes veulent s'identifier aux personnes qu’ils regardent, qu’ils écoutent.
Ils font davantage confiance aux influenceurs parce qu’ils leur ressemblent, parlent la même langue qu’eux, contrairement aux médias traditionnels qui paraissent hors de portée. Selon elle, les médias doivent se remettre en question.
Cette frontière brouillée peut être dangereuse. Par exemple, aux États-Unis, des créateurs de contenus, journalistes autoproclamés, utilisent leur position pour véhiculer des récits de droite radicale ou complotiste, sans respecter la déontologie.