Macron souhaite une labellisation des sites d'information

«Ce n’est pas le gouvernement ou l’État qui peut dire “ceci est une information, ceci n’en est pas”», mais «je pense que c’est important qu’il y ait une labellisation faite par des professionnels» des médias, «qui puissent dire “ceci correspond à la déontologie”» du secteur, a développé Emmanuel Macron. Francois Lo Presti / REUTERS

Le Président Emmanuel Macron s’est dit favorable à la création d’un label professionnel pour distinguer les médias d’information des plateformes à vocation commerciale, lutter contre la désinformation et se prémunir des ingérences numériques.

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Emmanuel Macron a dit mercredi à Arras vouloir «tout faire pour que soit mis en place un label» professionnel pour les réseaux sociaux et sites d'information, afin de souligner qu'ils sont dignes de confiance et lutter contre la désinformation. «On doit distinguer les réseaux et les sites qui font de l'argent avec de la pub personnalisée et les réseaux et les sites d'information», et donc «on va tout faire pour que soit mis en place un label», a déclaré le président de la République. Il s'exprimait lors d'un débat avec des lecteurs de La Voix du Nord sur le thème de «la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes», comme il l'avait fait à Toulouse mercredi dernier avec La Dépêche du Midi.

«Ce n’est pas le gouvernement ou l'Etat qui peut dire “ceci est une information, ceci n'en est pas”», mais «je pense que c'est important qu'il y ait une labellisation faite par des professionnels» des médias, «qui puissent dire “ceci correspond à la déontologie”» du secteur, a développé Emmanuel Macron. Il a cité une initiative en ce sens lancée par l'ONG Reporters sans frontières avec d'autres partenaires (la Journalism Trust Initiative, JTI) et souligné que les Etats généraux de l'information «ont consolidé» en 2024 cette proposition. «On va créer des mécanismes qui détectent et dénoncent les ingérences informationnelles», a aussi promis Emmanuel Macron.

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Une prévoyance motivée

Pour Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères créé en 2021, «on s'est inspiré à cet égard de l'exemple de Taïwan», un territoire «habitué à avoir plein d'attaques informationnelles» de la Chine continentale voisine et qui a «mis en place des systèmes d'alerte» très réactifs, comme le dispositif alerte enlèvement en France, a rappelé Emmanuel Macron. «C'est ça qu'il faut qu'on arrive à faire. Viginum, c'est un très bon début, on va maintenant essayer de le monter en charge», a-t-il ajouté. Le chef de l'État a en outre mis en garde contre les usages de l'intelligence artificielle: «Aux prochaines municipales, aux prochaines présidentielles (...) de plus en plus de nos compatriotes vont aller sur leur IA (...), ils vont dire “pour qui je dois voter?”». Or, «les gens qui possèdent ChatGPT, les intérêts qu'il y a derrière, je ne suis pas sûr que ce soient des intérêts démocratiquement neutres ou totalement alignés avec les intérêts de la France», a-t-il estimé.

Interrogé sur la situation des médias, le président a évoqué «une crise du modèle économique» qui a entraîné le rachat de journaux par «de grandes fortunes», qui souvent «ne font pas d'argent à travers la presse». «Quand quelqu'un m'informe mais ne gagne pas de l'argent en vendant cette information, c'est qu'il va gagner autrement», a-t-il affirmé. «Ça leur apporte autre chose, mais ce n’est pas de m'informer, c'est jouer sur l'opinion, c'est d'avoir de l'influence». Le débat, qui a duré plus de deux heures, s'est symboliquement déroulé dans la Cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras, l'établissement marqué par l'assassinat en octobre 2023 du professeur de lettres Dominique Bernard par l'un de ses anciens élèves devenu un islamiste radical.