D'après les statistiques datant du mois d’octobre 2025, la Corée du Sud compte maintenant 736 000 jeunes officiellement "en repos". Un nombre qui a explosé depuis la crise du Covid. Il ne s'agit pas de chômeurs en recherche active d'emploi ou bien de cadres qui auraient pris un congé sabbatique. Ce sont réellement des personnes âgées entre 20 et 39 ans qui ont abandonné l’idée de travailler. La plupart ont de bons diplômes, beaucoup sortent même des grandes universités de Séoul.
Déçus par leur dernier travail et épuisés à l’idée de passer des entretiens pour un nouveau poste, ils expliquent qu’ils sont en pause pour un temps indéfini. Ils pointent surtout les très mauvais salaires, la pression de la hiérarchie ou alors le climat entre collègues de travail. Une forme de burn-out pour ces jeunes coréens qui estiment également ne pas être récompensés de toutes ces années passées dans un système éducatif coréen ultra-compétitif, où ils ont dû bachoter à l’école puis dans les cours de soutien tous les soirs et même le week-end.
Pour les sociologues, c’est presque une rébellion passive.
Un enjeu économique majeur pour la Corée
À l’échelle individuelle, malgré les tensions dans les familles, ces jeunes qui font une pause ne sont pas un problème. Mais, à l’échelle nationale, c'est plus difficile. Alors que le pays vit déjà un terrible effondrement démographique, ces jeunes constituent des cadres perdus pour les grandes entreprises et également de l’activité économique en moins.
La fédération des industries coréennes a fait un calcul. Elle estime que ces jeunes en repos ont coûté entre 2019 et 2023 plus de 44 000 milliards de wons à l’économie coréenne, soit environ 27 milliards d’euros.
Le gouvernement coréen assure que les équipes du ministère du travail vont essayer de créer un dialogue direct avec chacun de ces jeunes en repos pour trouver une solution adaptée et les faire revenir un à un sur le marché du travail. Les fonctionnaires proposent notamment maintenant des sessions pour les réinitier doucement, de manière virtuelle, à la communication en entreprise et au travail en collaboration, sans aucun stress.