Municipales : la droite et le centre s’allient pour reprendre Nantes, aux mains de la gauche depuis 36 ans

L’alliance de la droite et du centre se concrétise à Nantes. Les deux forces politiques partiront unies pour les prochaines municipales. Objectif : récupérer la ville dirigée depuis 1989 par la gauche. Annoncée en janvier, la réalisation de cette coalition a été marquée par de multiples rebondissements. Mais c’est désormais chose faite : samedi, les quatre premiers noms qui circulaient depuis quelques jours ont officiellement été dévoilés dans la presse locale et sur les réseaux sociaux. Les quatre conseillers municipaux d’opposition s’y affichent tout sourire.

Sans surprise, Foulques Chombart de Lauwe, vainqueur de la primaire LR, brigue la première place. À ses côtés, la haute-commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry (Modem), occupe la deuxième position sur la liste. En trois et quatre, figurent les noms de Guillaume Richard, représentant local d’Horizons, et Valérie Oppelt, pilote pour Renaissance aux municipales et ancienne candidate de LREM en 2020.

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Contre Johanna Rolland

«Les grands équilibres ont été discutés entre la droite et le centre. Cela nous permettra de présenter en janvier une liste plus complète», fait savoir Foulques Chombart de Lauwe, joint par téléphone. «Cette alliance est d’abord une réponse au souhait d’alternance exprimé par beaucoup de Nantais. Ce n’est pas un accord d’appareils, c’est un accord de projet, construit à partir de notre connaissance du terrain», souligne l’ancienne ministre Sarah El Haïry, auprès du Figaro. «On assume nos différences, on ne les gomme pas : on les met au service d’un projet commun.»

Leur candidature commune est motivée par le fait de déloger la maire socialiste Johanna Rolland, qui a elle aussi récemment annoncé une union avec les écologistes. «Elle a choisi deux priorités qui laissent les habitants un peu médusés : faire de Nantes une ville refuge pour les migrants quels qu’ils soient, et faire 40% de logements sociaux», attaque Foulques Chombart de Lauwe. Lui reste convaincu que certaines personnes ne s’y retrouvent pas, face à une ligne de plus en plus à gauche. «On va prendre une approche opposée à la sienne», souhaite le néocandidat, qui partage avec ses alliés le fait de ne pas faire d’alliance avec le RN et de ne pas voter de hausse de fiscalité. «Il existe une alternance crédible, rassemblée, qui parle à la fois aux électeurs de droite modérée, du centre et aux déçus de la majorité actuelle», renchérit sa binôme Sarah El Haïry.

Contrairement au niveau national où les équilibres ne sont pas arrêtés, ici, l’addition des partis s’est imposée plus facilement. «On vote 90% des fois la même chose au conseil municipal», observe Foulques Chombart de Lauwe, en parlant des centristes. «C’est la suite logique de ce que nous voulions tous, faire l’union pour gagner», expose Guillaume Richard, qui planche depuis des mois sur des propositions concrètes avec son parti Horizons.

Deux candidats Renaissance claquent la porte

Mais derrière cette sérénité apparente, cet accord a été le fruit de longues tractations. Tout d’abord, il faut remonter au mois d’octobre 2023, où Foulques Chombart de Lauwe annonce du jour au lendemain sa candidature en solo. Exclu de son groupe, il réclame pendant des mois une primaire, qu’il parvient à imposer. Fin août, lors de cette consultation des adhérents LR, il remporte le scrutin. «Les gens n’attendaient pas ma victoire», se souvient l’intéressé. Puis, il a fallu l’adoubement des instances nationales.

Sénatrice LR et ancienne candidate de la droite en 2014 et 2020 à Nantes, Laurence Garnier n’apparaît pour sa part pas dans le quatuor. «Je prendrai ma part au combat», confie-t-elle, sous-entendant une probable apparition sur la liste qu’elle soutient. Lors de la primaire, elle avait soutenu le conseiller municipal LR Julien Bainvel, qui reste pour l’heure silencieux.

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Plus bruyants, deux élus n’ont en revanche pas mâché leurs mots face à cette alliance. Dans un communiqué envoyé lundi, les conseillers d’opposition de Renaissance Mounir Belhamiti et Erwan Huchet ont décidé de claquer la porte. Venant de la gauche, ils expliquent ne pas s’y retrouver. Ils se réfèrent aussi à une réunion interne du 6 septembre où les militants Renaissance «souhaitaient un rassemblement autour de Sarah El Haïry» et où «très peu se déclaraient favorables à un soutien à la candidature de M. Chombart de Lauwe». Siégeant d’ordinaire au conseil municipal avec Sarah El Haïry et Valérie Oppelt au sein du groupe Élus Démocrates et Progressistes Nantes, ils annoncent s’en émanciper, taclant au passage «le glissement vers une droite ultraconservatrice» du candidat désigné. «Foulques n’est pas la caricature de droite dure que certains veulent décrire. C’est un homme de compromis, attaché aux libertés et à l’équilibre. On a travaillé ensemble jusqu’à trouver un consensus acceptable par chacun», défend de son côté Sarah El Haïry.