Comment a évolué la menace terroriste en France dix ans après les attentats du 13-Novembre ?

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, la menace terroriste est toujours présente en France, comme le prouvent deux projets d'attaques déjoués ces derniers jours. En une décennie, ce risque a toutefois eu le temps de changer de visage.

Il y a dix ans, avec Al-Qaïda et l'Etat Islamique, les organisations terroristes avaient la capacité de frapper depuis l'étranger avec des commandos activés en France. Mais entre la justice, les services de renseignements et les frappes ciblées de la coalition internationale, de nombreux acteurs de ces mouvances ont été incarcérés ou tués. D'autres ont abandonné le jihad.

Radicalisation en ligne

Depuis 2015, même si le risque existe toujours, tous les projets d'attentats organisés depuis l'étranger ont donc été déjoués. Désormais, c'est la menace au sein même du territoire français qui inquiète, toujours inspirée par la propagande islamiste notamment de Daech, avec une sorte de jihad numérique et d'anciennes vidéos recyclées, parfois avec l'aide de l'intelligence artificielle.

Souvent radicalisés en ligne, ces profils sont de plus en plus jeunes : sur la quarantaine de personnes impliquées dans des projets d'attentats depuis 2023, deux sur trois ont moins de 21 ans. En septembre, des mineurs de 16 et 17 ans ont notamment été mis en examen après avoir projeté plusieurs attentats jihadistes dans la Sarthe et à Paris. Des adolescents de moins de 15 ans sont même parfois dans le collimateur des services de renseignement après des recherches sur des modes opératoires terroristes ou des armes.

Profils fragiles

Certains de ces projets restent toutefois très peu aboutis, car portés par des profils souvent fragiles psychologiquement. Les jeunes recrutés par les organisations terroristes sont souvent isolés, accro aux réseaux sociaux. Et parfois aux images hyperviolentes qui n'ont rien à voir au départ avec le jihad, comme des vidéos d'assassinats commis par des cartels sud-américains.

L'algorithme des plateformes conduit ces mineurs vers des scènes de décapitations et la propagande de l'Etat islamique. À la dérive, ces jeunes se radicalisent parfois sans aucune constance idéologique : certains sont même passés de l'ultra-droite à la mouvance djihadiste.

Depuis le 7-Octobre, la communauté juive est par ailleurs particulièrement ciblée, au travers de l'ambassade d'Israël à Paris, de synagogues ou d'écoles. Plus de la moitié des projets déjoués depuis l'attaque terroriste du Hamas contre Israël il y a deux ans sont liés au conflit israélo-palestinien et à la situation à Gaza.