Dans l’Ain, la tombe d’un héros de la Grande guerre pillée, sa famille se dit «écœurée»

À Thézillieu, la mémoire du capitaine Barrucand, héros de la Première Guerre mondiale, fait partie du paysage local. Pourtant, sa sépulture, entretenue depuis plus d’un siècle, a été retrouvée profanée quelques jours avant les commémorations du 11 novembre. C’est un passionné d’histoire locale, Alain Espiard, créateur du musée-exposition «D’une guerre à l’autre, 80 ans déjà», qui a découvert le saccage le 4 novembre.

Quelques jours plus tôt, le 28 octobre, il s’était encore recueilli devant une tombe intacte. Entre ces deux dates, des individus ont arraché cinq vases en fonte de type Médicis, les sept tronçons de chaînes décoratives et la plaque commémorative en bronze peint, posée en 2018 pour le centenaire de l’Armistice. Le capitaine Barrucand, quatre fois cité pour faits de bravoure, avait été tué au champ d’honneur en 1917 lors d’un assaut près de Reims.

Passer la publicité

Les autorités alertées, une enquête ouverte

Prévenue, sa petite-nièce Isabelle Fustier s’est rendue sur place depuis la Savoie. Face au désastre, elle confie au Progrès son dégoût, «je suis écœurée. Une telle malveillance sur la tombe d’un héros décoré pour sa bravoure n’a aucun sens.» Si la valeur matérielle du butin est dérisoire, la blessure morale, elle, «ne se répare pas.»

Le choc est d’autant plus fort que ce vol n’est pas isolé. Dans le même département, à Saint-Maurice-de-Rémens, le monument funéraire de la famille d’Antoine de Saint-Exupéry a été vandalisé la veille de la Toussaint, avec le vol de vitraux. Ces dégradations, souvent motivées par la revente d’objets décoratifs, prennent une portée symbolique lourde : celle d’une mémoire abîmée. Les autorités locales ont été alertées et une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs. Les objets volés n’ont pas été retrouvés à ce stade.