La seule éclaircie dans la soirée pluvieuse à Marseille. Entré en jeu à la mi-temps du match face à Angers au stade Vélodrome mercredi, le jeune Robinio Vaz a renversé la table en inscrivant un doublé pour l’OM, avant de finalement voir le SCO arracher le match nul (2-2) dans le temps additionnel. Un résultat (très) frustrant pour l’équipe de Roberto De Zerbi mais qui n’enlève rien à la prestation remarquée du «minot» de 18 ans, surprenant voire impressionnant à chaque fois qu’il entre en jeu cette saison.
Des statistiques remarquables de précocité
Né le 17 février 2007 à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et encore très attaché à son quartier d’enfance du Val-Fourré, Robinio Vaz compte quatre buts et deux passes décisives inscrites en neuf matchs disputés en Ligue 1 (deux titularisations) cette saison. Avant son doublé contre Angers - qui a mis en lumière son profil d’attaquant finisseur, rapide et puissant (1.85 m, 78 kg) -, le numéro 34 de l’OM avait déjà marqué en seconde période face au Paris FC (5-2) puis Le Havre (6-2) au Vélodrome. Le point commun de toutes ces rencontres ? Remplaçant au coup d’envoi, Vaz s’est distingué par son envie débordante et son enthousiasme, mêlées à une qualité technique intéressante (remises dos au jeu, combinaisons…) au service d’un collectif marseillais qui ronronnait à chaque fois.
À titre statistique, et plutôt honorifique étant donné le nombre de matchs joués, le jeune Marseillais est aujourd’hui le joueur de la génération 2007 le plus décisif d’Europe. Il marque ou offre une dernière passe toutes les 38 minutes. C’est mieux que les prodiges Estêvão (Chelsea), Franco Mastantuono (Real Madrid), Rodrigo Mora (Porto), Lennart Karl (Bayern Munich), Ethan Nwaneri (Arsenal) ou encore… Lamine Yamal (FC Barcelone). Excusez du peu.
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Pas un pur produit de la formation marseillaise
Devenu face à Angers, à 18 ans et 254 jours, le plus jeune joueur de l’OM à s’offrir un doublé en compétition officielle depuis 1947, le «minot» Robinio Vaz n’a pas effectué toutes ses classes dans la cité phocéenne, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Après avoir intégré, chez lui, le centre de formation de l’USC Mantes en 2015, puis celui du FC Mantois 78 en 2017, il avait rejoint les équipes de jeunes du FC Sochaux Montbéliard en 2022. Et c’est seulement à l’été 2024 qu’il a été recruté à Marseille par l’adjoint de Medhi Benatia Ali Zarrak, pour parapher son premier contrat professionnel en compagnie du milieu de terrain Alexandre Issanga.
Désormais installé dans le groupe olympien dirigé par Roberto De Zerbi, le jeune adulte avait connu ses débuts en professionnel en janvier dernier lors de la défaite de l’OM aux tirs au but face à Lille en 16e de finale de Coupe de France. Il comptait deux petites apparitions en Ligue 1 avant l’entame de cette saison 2025-2026, qui pourrait bien être celle de l’éclosion.
Couvé par De Zerbi et Aubameyang
Briller à 18 ans devant 66.000 supporters au Vélodrome n’est pas donné à tout le monde. Et peu sont les jeunes joueurs montés de l’équipe réserve - citons récemment les purs Marseillais Maxime Lopez et Boubacar Kamara, avant eux Samir Nasri - qui ont réussi à se faire une place au soleil à l’OM. Robinio Vaz, survolté et décontracté à chaque fois qu’il rentre sur la pelouse, semble suivre la bonne voie. Mais pas question de s’enflammer selon son entraîneur Roberto De Zerbi. «Il ne faut pas lui mettre de pression, mais si je lui donne sa place et qu’il est resté cet été, c’est qu’il est bon et prêt selon moi, a déclaré le coach italien mercredi après le doublé de son protégé contre Angers. Il n’est pas là pour qu’on puisse le revendre cet été en Angleterre. Il joue parce qu’il est fort, on essaie de l’accompagner un peu plus. Il a déjà prouvé qu’il était prêt à être dans cette équipe.»
Il ne faut pas qu’il se prenne la tête, qu’il garde cette folie de minot. Il a une belle insouciance, c’est sa force.
Pierre-Emerick Aubameyang à propos de Robinio Vaz.
Récompensé de ses efforts par «RDZ», Vaz était titulaire à Lens (défaite 2-1) samedi dernier. Mais il est tombé ce soir-là sur la robuste défense lensoise, qui ne lui a laissé aucun espace pour s’exprimer. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage du haut niveau. «Il ne faut pas qu’il se prenne la tête, qu’il garde cette folie de minot. Il a une belle insouciance, c’est sa force, a alors avancé Pierre-Emerick Aubameyang, fin connaisseur du métier de numéro 9. Cela arrive de rater un match et ce n’est pas très grave. Avec ce qu’il a montré depuis le début, on sait ce qu’il peut nous apporter. J’ai confiance en lui.»
Passer la publicitéCe samedi (21h05) à Auxerre, lors de la 11e journée de Ligue 1, le vétéran «Aubam» (36 ans) et son jeune partenaire seront-ils alignés ensemble au coup d’envoi pour la première fois de la saison ? «C’est possible. Il faut trouver des solutions et ça peut en être une de les associer. Robinio et Aubameyang peuvent aussi jouer ensemble avec (Mason) Greenwood à droite et (Igor) Paixão à gauche. J’ai déjà joué avec quatre attaquants à Sassuolo ou Brighton», a éludé De Zerbi en conférence de presse. Réponse dans les prochaines heures.
Équipe de France, Sénégal... Le choix entre trois sélections nationales
À plus long terme, une chose est (presque) certaine : Robinio Vaz devrait gratter beaucoup de temps de jeu durant la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (21 décembre-18 janvier), profitant de l’absence Aubameyang, sollicité (sauf surprise) par le Gabon, et celle d’Amine Gouiri, dont le retour à compétition n’est pas prévu avant le début de l’année civile 2026 suite à son opération subie à l’épaule. Une crainte subsiste tout de même pour l’OM. S’il continue sur sa lancée, Vaz pourrait en effet être appelé en renfort par... le Sénégal, pays d’origine de sa mère. Son père, lui, est originaire de la Guinée-Bissau (non qualifié pour la CAN), ce qui explique notamment son nom à consonance lusophone. Reste à savoir quel sera le choix du Marseillais concernant sa sélection nationale. Car jusqu’ici, il a évolué dans toutes les catégories de jeunes en équipe de France, des U16 aux U20 avec lesquels il compte une sélection.
Une première distinction individuelle à l’OM ?
Preuve qu’il prend de plus en plus d’épaisseur, Robinio Vaz vient d’être nommé pour le trophée d’Olympien du mois d’octobre qu’il se dispute avec l’Anglais Mason Greenwood. Le vote étant réservé aux supporters marseillais, qui ont si peu vu de jeunes éclore au 21e siècle, l’ancien Sochalien a toutes les chances de décrocher ce titre symbolique. Place désormais au mois de novembre qui débute dès ce samedi par un déplacement crucial sur la pelouse de l’Abbé-Deschamps, à Auxerre. Après deux frustrantes défaites (à Lisbonne contre le Sporting puis à Lens) et un nul au goût très amer contre Angers, l’OM (3e au classement, à deux points du PSG) doit rebondir avant de retrouver la Ligue des champions avec la réception de l’Atalanta (mercredi prochain). Nul doute que l’espoir Robinio Vaz - aussi discret et travailleur que déchaîné sur le terrain selon ses coéquipiers - aura son mot à dire pour aider une équipe olympienne à nouveau en proie aux doutes.