Comme chaque année, le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) a sorti son étude sur le marché de la musique, en 2024. Si l’industrie musicale se porte bien, l’association relève que le secteur est toujours largement dominé par les artistes masculins.
Dans son rapport, le Snep passe en revue, notamment, les 100 titres les plus écoutés en 2024, parmi lesquels dix-sept sont interprétés par des femmes, et seulement trois sont entièrement créés par une artiste féminine. Les deux titres de Santa : PopCorn Salé et Recommence moi, le single Hypé, du duo Aya Nayakamura et Ayra Starr. L’autrice-compositrice Zaho de Sagazan, se distingue également en se positionnant à la 26e position du classement, après avoir remporté un véritable succès aux Victoires de la Musique. L’étude souligne également que les artistes féminines arrivent en tête des performances radio avec Espresso de Sabrina Carpenter et Houdini de Dua Lipa. Mais la dynamique reste faible avec 41 albums sur 200 portés par des artistes féminines.
Passer la publicitéLe Centre national de la musique (CNM) a récemment diffusé une étude dans laquelle il explique que seulement une femme pour neuf hommes perçoit des droits de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM), entre 2019 et 2023.
Le rap très masculin
Ce constat s’explique, notamment, par une large dominante du rap dans le classement, dont seulement 13 % des titres sont enregistrés par des artistes féminines, selon une étude du CNM. La seule artiste féminine ayant réussi à se distinguer dans cette catégorie est la chanteuse Shay, qui arrive en 98e position. Mais c’est toute l’industrie musicale qui est concernée par une surreprésentation des hommes. Interrogée par Le Monde, Chloé Thibaud, journaliste et autrice de Ni muses ni groupies. Une histoire féministe de la musique (2025) explique : « Une artiste a souvent plus de chances d’obtenir de la visibilité ou des financements si elle intègre ces réseaux dominés par des hommes, car ce sont eux qui contrôlent l’accès à tout ça ». Le succès de Billie Eilish a été attribué à son frère, également chanteur, plutôt qu’à son talent.
Certaines artistes prennent leur autonomie vis-à-vis de l’industrie musicale en s’autoproduisant pour contrer ce «virilisme». À la fois chanteuse, productrice, manageuse et directrice artistique, Yseult en est un parfait exemple. Elle reste l’artiste francophone la plus écoutée dans le monde. Tout comme la chanteuse Aya Nakamura, qui a su imposer ses codes et son langage grâce à son public, en passant par le streaming et les réseaux sociaux.