Espèce menacée d’extinction, un lynx ibérique blanc photographié pour la première fois

La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux. Sur les images captées par le photographe Angel Hidalgo début octobre, un lynx ibérique au pelage presque blanc a été filmé en Andalousie dans le sud de l’Espagne. L’animal, une femelle née en 2021 appelée «Satureja», y apparaît à l’arrêt en pleine nature, calme, dans l’extrait qui dure une petite trentaine de secondes.

Angel Hidalgo, photographe naturaliste passionné, qui a suivi le félin pendant des mois avant de réussir à l’immortaliser au lever du jour, après une nuit de pluie. « J’ai vu un corps blanc qui semblait émettre sa propre lumière. Quand il s’est retrouvé devant moi, je suis resté paralysé », raconte-t-il à Hora Jaén . «Je me suis senti incroyable incroyablement chanceux d’avoir été témoin de ce moment, de la voir dans son habitat naturel. Cette rencontre restera gravée dans ma mémoire», a-t-il également ajouté auprès d’Andalucia Today .

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Pas de leucisme

«Satureja» présentait à sa naissance une coloration normale avant de voir son pelage devenir progressivement clair. Ce phénomène rare a d’abord été interprété comme un cas de leucisme, une anomalie génétique provoquant la perte partielle de pigmentation.

Cependant, les chercheurs du Projet Lince précisent qu’il ne s’agit ni de leucisme ni d’albinisme : la perte de couleur semble sélective, affectant uniquement les teintes brunes et orangées, tandis que les taches noires caractéristiques de l’espèce restent intactes. Le lynx, dont l’emplacement exact n’a pas été dévoilé, ne présente pas non plus d’yeux rouges, comme chez l’albinisme. Il serait donc le premier lynx ibérique leucistique jamais observé.

Javier Salcedo, coordinateur régional du Plan de sauvegarde du lynx ibérique en Andalousie, attribue ce changement de couleur au stress ou à d’autres facteurs externes, comparable à la chute de cheveux chez l’être humain. «Le lynx se porte à merveille. Il s’agit plutôt d’un changement temporaire de la couleur de peau causé par des facteurs externes», ajoute l’expert, qui précise qu’une autre femelle «avait déjà blanchi avant de retrouver sa coloration normale». Le phénomène est réversible et ne présente pas de danger pour le félin.

Espace menacée

Le nombre de lynx ibériques, une espèce menacée, a presque doublé en Espagne et au Portugal depuis 2020 avec plus de 2000 spécimens l’année dernière sur toute la péninsule. Au total, 722 lynx sont nés en 2023, portant à 2021 leur nombre sur la péninsule ibérique, un record depuis que l’espèce est surveillée alors qu’ils n’étaient que 1111 trois ans plus tôt, a expliqué le ministère espagnol de l’Environnement dans un communiqué. Cette augmentation est «continue depuis 2015 et nous autorise à être optimistes sur la réduction du risque d’extinction du lynx ibérique».

Connu pour ses oreilles pointues, ses longues pattes et son pelage taché pareil à celui d’un léopard, le lynx ibérique était au bord de l’extinction il y a à peine vingt ans, victime du braconnage, des accidents de la route et de l’avancement urbain sur son habitat naturel, ainsi que la raréfaction des lapins sauvages, principale proie du lynx. Quand le premier recensement du félin avait été lancé en 2002, il y avait moins de 100 spécimens dans la péninsule ibérique.

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Le ministère a attribué l’augmentation du nombre de lynx au succès d’un programme d’élevage en captivité et de réintroduction lancé en 2011, le qualifiant de «l’un des meilleurs exemples d’actions de conservation des espèces menacées dans le monde». Depuis, 372 lynx nés en captivité ont été relâchés dans la nature.

La population de lynx ibérique a même continué d’augmenter à partir de 2015, alors que l’Union internationale pour la conservation de la nature avait abaissé le niveau de menace de «en danger critique d’extinction» - catégorie la plus élevée avant l’extinction à l’état sauvage - à «en danger». La plupart des lynx ibériques se trouvent dans le parc national de Doñana et dans les montagnes de la Sierra Morena, dans la région sud-ouest de l’Andalousie, mais le programme de conservation a réintroduit des animaux élevés en captivité dans les régions espagnoles de Castille-La Manche, d’Estrémadure et de Murcie, ainsi qu’au Portugal.