Dix jours après le casse du Louvre au retentissement planétaire, et dont le butin est estimé à 88 millions d’euros, «les bijoux n’ont pas été retrouvés», a déclaré Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, dans une conférence de presse, ce mercredi. «Je veux garder l’espoir qu’ils seront retrouvés, et pourront être rendus au musée du Louvre et à la Nation. Ces bijoux sont bien sûr aujourd’hui invendables. Il est encore temps de les restituer.»
Deux des quatre suspects, interpellés le 25 octobre dans la soirée, se trouvent, ce mercredi soir, en cours de présentation à un juge en vue de leur mise en examen pour «vol en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle», a-t-elle précisé. «Ils ont partiellement reconnu leur participation» au cambriolage devant les enquêteurs. Originaires de Seine-Saint-Denis, les deux hommes sont suspectés d’être les individus qui ont pénétré, revêtus de gilets jaunes, dans la galerie Apollon. Ils étaient connus des services de police, notamment pour des vols.
Passer la publicitéLe premier, âgé de 34 ans et de nationalité algérienne, résidait à Aubervilliers. Face aux enquêteurs, il a déclaré avoir occupé la profession de livreur. Son casier judiciaire fait état de délits routiers, et d’une condamnation pour vol. Le second, âgé de 39 ans, résidait aussi dans cette commune de Seine-Saint-Denis, d’où il est originaire. Chauffeur de taxi illégal, puis livreur, il était quant à lui connu pour des vols aggravés. Selon la procureur de Paris, il était placé sous contrôle judiciaire dans une affaire de «vol aggravé», pour laquelle il doit être jugé en novembre prochain par le tribunal de Bobigny.
Les deux mis en cause ont été ciblés par les enquêteurs grâce aux traces ADN retrouvées pour l’un sur un scooter, pour l’autre sur les vitrines de la galerie Apollon ainsi que des objets retrouvés par les policiers après leur fuite. Les investigations, confiées à la BRB (Brigade de répression du banditisme) et à l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) continuent de mobiliser une centaine d’enquêteurs pour retrouver les autres malfaiteurs. «Nous n’excluons pas la possibilité» d’un groupe beaucoup plus large que quatre individus, a précisé la procureure. En revanche, «rien ne permet à ce stade d’affirmer que les malfaiteurs auraient bénéficié d’une complicité au sein du musée», a-t-elle ajouté.
Faux ouvriers revêtus de gilets jaunes
Vers 9h30, le dimanche 19 octobre, les membres du commando avaient installé un camion-élévateur au pied du musée, sur le quai François-Mitterrand, et deux d’entre eux, visages masqués et vêtus de gilets jaunes, s’étaient hissés avec une nacelle jusqu’à la somptueuse galerie Apollon. Après avoir brisé une fenêtre et les vitrines contenant les bijoux à l’aide de disqueuses, les voleurs étaient repartis avec huit joyaux, à peine sept minutes plus tard, à bord de deux scooters T-Max conduits par leurs complices. Parmi ces bijoux, toujours introuvables, se trouve le collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense. Dans leur fuite, les cambrioleurs avaient laissé tomber un neuvième bijou, une couronne de l’impératrice Eugénie, serti de 1354 diamants, 113 roses et 56 émeraudes, retrouvée ensuite par les enquêteurs, en même temps que du matériel utilisé par le commando. Le bijou a été abîmé et devra être restauré.
Lors des investigations, l’exploitation de la vidéosurveillance a permis aux enquêteurs de retracer le trajet des malfaiteurs avant et après le cambriolage. D’après la procureure de Paris, les quatre individus s’étaient donné rendez-vous, le matin du casse, à un «point de rencontre» afin de changer de véhicules. Ils ont ensuite usé du même stratagème une fois le butin dérobé, et se sont dirigés vers l’est de Paris, avant de s’évaporer dans la nature.
Depuis le début de l’enquête, plus de 150 prélèvements de traces ADN, papillaires et autres ont été réalisés sur les lieux du cambriolage. 189 scellés ont été constitués sur les lieux du vol et lors de perquisitions. «Je veux saluer l’engagement exceptionnel de l’ensemble des services placés sous l’autorité de la BRB et de l’OCBC» qui «ont travaillé jour et nuit», a insisté Laure Beccuau.
Passer la publicitéDe son côté, le nouveau préfet de police de Paris, Patrice Faure, s’est dit mercredi «fermement opposé» à l’installation d’un commissariat au sein du musée du Louvre, demandée par la présidente du Louvre, Laurence des Cars, après le vol des bijoux. Dimanche déjà, le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez avait opposé une fin de non-recevoir à Laurence des Cars concernant l’installation d’un tel commissariat.