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Faute d'avoir su vendre la taxe Zucman, les socialistes ont un plan B : une recette allégée visant à trouver un compromis avec les macronistes. À l'origine, cette taxe cible les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros, imposés à un minimum de 2 % de leur fortune. Son auteur estime qu'elle pourrait rapporter 20 milliards d'euros à l'État. Mais ce projet a peu de chances d'être adopté tel quel.
Un compromis édulcoré
Les socialistes proposent donc un compromis : en abaissant le seuil des patrimoines à 10 millions d'euros, la taxe serait portée à 3 %, avec un changement majeur : les propriétaires d'entreprises familiales et innovantes seraient exemptés. Le rendement attendu tombe alors à 7 ou 8 milliards d'euros.
Philippe Brun, député PS de l'Eure, résume : "C'est la taxe Zucman sans ses inconvénients. Ça taxe tous les biens, y compris une partie des biens professionnels, mais ça ne taxe pas les biens professionnels industriels, les PME familiales ni les startups. C'est ça la différence entre les deux."
Cette version édulcorée suscite des critiques de la France Insoumise. Antoine Leaument, député LFI de l'Essonne, dénonce : "C'est une manière de faire semblant qu'on va taxer les plus riches pour pouvoir ruser, s'arranger avec le gouvernement."
Vers un accord politique fragile
Les socialistes espèrent surtout séduire le Bloc Central, encore réservé sur la mesure. Prisca Thevenot, députée EPR des Hauts-de-Seine, reste prudente : "Je ne sais pas quelle est encore la taxe, donc laissons les uns et les autres, et notamment Matignon, nous donner précisément les détails de cette taxe."
En coulisses, le ton est plus sévère. Un député EPR confie : "C'est idiot et contradictoire avec tout ce que le président a porté depuis 2017. Mais c'est visiblement le prix pour garder Matignon." Les socialistes considèrent cette réforme comme un casus belli : "Si on voit qu'il n'y a pas de compromis, à quoi bon traîner ? Ce sera censure. On n'a pas renoncé à l'arme atomique."
Conviés à Matignon le 27 octobre au soir, aucun président de groupe du Socle commun n'a souhaité s'exprimer sur la mesure.