Incendie nocturne, câbles détruits, reprise du trafic... Ce que l'on sait des "sabotages" qui ont visé la ligne à grande vitesse dans le Sud-Est

Des retards monstres et des annulations en pagaille. Le trafic ferroviaire a été fortement perturbé dans le sud-est de l'Hexagone, lundi 27 octobre, après qu'un incendie a détruit des câbles de signalisation au sud de Valence (Drôme). Selon les autorités, ce feu détecté au petit matin est d'origine criminelle. La circulation devrait reprendre normalement dès mardi matin, a assuré le ministre des Transports, Philippe Tabarot, lors d'une conférence de presse.

"Les auteurs de ces sabotages devront être identifiés et sévèrement sanctionnés", avait déclaré le ministre des Transports sur le réseau social X, alors qu'une centaine de TGV au total ont été affectés sur la journée de lundi, selon la SNCF, par des retards, des arrêts modifiés ou une suppression. Voici ce que l'on sait de cet incident qui survient en plein milieu des vacances de la Toussaint.

Un incendie volontaire vers 4 heures du matin

Dans un communiqué, le ministère des Transports a précisé les circonstances de ce qui est décrit comme un "acte de malveillance". "Aux environs de 4 heures du matin, la ligne à grande vitesse Sud-Est a subi un incendie volontaire sur des câbles de signalisation et de communication, au sud de Valence", retrace le ministère. Dans le détail, la circulation à grande vitesse n'était plus possible sur le tronçon Valence Ville-Lapalud, long d'un peu plus de 70 km. 

Comme l'a précisé Frédéric Guichard, directeur des opérations Sud-Est de SNCF Réseau, le feu a été allumé "directement dans les chambres de tirage des câbles", ces coffrets en béton d'où partent les câbles de fibre optique pour être connectés au réseau. Le responsable a déclaré ne pas disposer de "plus de précisions sur le mode opératoire" du ou des auteurs de cet incendie.

Pour continuer à circuler, les trains "sont détournés par la ligne classique, ce qui entraîne une réduction des plans de transport", poursuit le communiqué. Mais la situation déjà tendue a été aggravée par un autre acte malveillant : un vol de câbles caténaires survenu un peu plus tard, à 6h30, au niveau de Bollène (Vaucluse). A cause de ce deuxième incident, la ligne classique souffrait d'une capacité "très limitée", a fait savoir la SNCF à l'AFP, et il n'était pas possible d'y détourner autant de trains que souhaité.

Une centaine de trains retardés ou supprimés

Sans ce tronçon, le trafic a été fortement perturbé pour les trois opérateurs qui exploitent la ligne à grande vitesse : SNCF Voyageurs, la compagnie italienne Trenitalia et leur concurrent espagnol Renfe. "Chacun des trois transporteurs communique à ses clients le plan de transport adapté", a expliqué le ministère des Transports. "Environ 50 000 voyageurs TGV" ont été touchés par ces incidents, a déclaré le ministre des Transports, Philippe Tabarot, "sans parler des nombreux voyageurs TER qui ont eu du retard et n'ont pas vu leur train arriver".

De nombreux TGV entre Paris et Marseille, Montpellier ou Nice ont été supprimés. Par extension, cet incident a aussi affecté la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône, causant par exemple l'annulation de tous les TGV entre Marseille, Metz et Strasbourg. Au total, "une centaine de TGV" ont été perturbés sur la journée de lundi, a estimé le ministère des Transports, évoquant des "suppressions totales, partielles ou [des] retards". En revanche, la ligne entre Paris et Lyon n'a pas été affectée par ces actes de malveillance.

Un retour à la normale prévu mardi matin

Selon le ministère des Transports, l'ampleur des destructions a été conséquente, car "16 câbles sont à remplacer sur 25 mètres, notamment des câbles de fibre optique" nécessaires aux communications. "Une vingtaine d’agents de SNCF Réseau" ont été mobilisés pour effectuer ces réparations au plus vite. 

Des techniciens de la SNCF interviennent après un incendie volontaire, lundi 27 octobre 2025, près de Valence (Drôme). (MATHIEU PRUDHOMME / AFP)
Des techniciens de la SNCF interviennent après un incendie volontaire, lundi 27 octobre 2025, près de Valence (Drôme). (MATHIEU PRUDHOMME / AFP)

Lundi en fin d'après-midi, le ministre Philippe Tabarot s'est rendu au Centre national des opérations ferroviaires (Cnof), à Paris, d'où il a donné quelques nouvelles positives concernant les TGV dans le Sud-Est. "Un train a pu circuler sur la ligne à grande vitesse", a-t-il annoncé, précisant que le trafic reprendra progressivement dans la soirée, mais restera "perturbé" jusqu'à 21 heures. La circulation sera "totalement normale" à partir de mardi matin, a-t-il assuré.

L'enquête sur ces actes malveillants a été confiée à la section de recherches de Grenoble (Isère), a fait savoir la gendarmerie de la Drôme à l'AFP. Pour l'heure, aucune piste n'est privilégiée, d'après Philippe Tabarot. "Ce n'est pas quelque chose d'anodin, ça a des répercussions sur une partie de notre pays, des milliers de Français", a-t-il commenté, assurant qu'il sera "très attentif" aux résultats de l'enquête sur ces actes. "Toutes les personnes impactées seront remboursées", a-t-il également promis.