Renault a mis fin au suspense de la succession de Gilles Vidal parti en juillet dernier diriger le design des marques européennes du groupe Stellantis. Pour lui succéder, Laurens van den Acker a choisi un autre français au profil très international : Alexandre Malval. Il posera ses valises au Technocentre le 2 janvier prochain.
C’est un retour aux sources pour ce diplômé du Royal College of Art de Londres. Ce quinquagénaire a commencé sa carrière chez Renault en 1994 au sein du département de design avancé. Deux ans plus tard, Jean-Pierre Ploué avec qui le courant est passé chez Renault, lui fait prendre la direction de l’Espagne et de Sitges pour intégrer le Design Center du groupe Volkswagen. Il pose sa patte sur de nombreux projets des marques Audi et Volkswagen. En 2001, c’est de nouveau Jean-Pierre Ploué devenu directeur du style Citroën qui le fait revenir à Paris pour participer à l’évolution de la marque aux chevrons. Après un passage éphémère chez Peugeot où il contribue au concept HR1 (2010) et à la 308 de deuxième génération, Alexandre Malval se voit confier les clés du design Citroën. C’est sous sa houlette que sont conçus des modèles comme la C4 Cactus, la C3 de troisième génération mais également le C5 Aircross et le concept de grande berline CXPerience présenté au Mondial de l’Automobile 2016.
Passer la publicitéEn 2018, il quitte Paris pour le sud de la France et Mercedes. Gordon Wagener, le directeur du design de la firme à l’étoile, lui confie la direction de son nouveau centre de design avancé installé à Sophia-Antipolis, près de Nice. Nous l’avions rencontré en septembre 2020. Voici l’article que nous lui avions consacré reproduit en intégralité.
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C’est un virage à 180 degrés, mais également une opportunité rare dans une carrière de designer. Le Français Alexandre Malval, père des Citroën actuelles et à venir - la grande berline aux chevrons lancée l’an prochain portera sa patte - s’est vu confier depuis fin 2018 les clés d’un nouveau centre de design avancé, situé au cœur de la technopole de Sophia Antipolis, près de Nice. Cela faisait longtemps que Gorden Wagener, qui règne sur le style de toutes les marques du groupe Daimler, voulait s’implanter dans cette région où Mercedes a commencé à écrire son histoire, au début du siècle dernier.
Ce n’est pas rien, Alexandre Malval passe ainsi d’une marque généraliste à l’un des constructeurs de luxe parmi les plus renommés du monde et présent dans toutes les régions du globe. «Prendre la direction de l’un des quatre centres satellites que compte Mercedes dans le monde (avec celui de Sindelfingen, dans l’antre de l’usine historique de Stuttgart, Carlsbad aux États-Unis, et Pékin en Chine) est une fierté, mais en même temps un vrai challenge, dit-il. Mercedes est une marque qui impressionne. Il suffit d’aller au musée et de voir tous ses modèles cultes pour s’en rendre compte.»
Audace et bonnes manières
Passer la publicitéImplanté au cœur de la technopole de Sophia Antipolis, le Centre de design avancé de Mercedes accueille une cinquantaine de stylistes dans un bâtiment futuriste. Daimler AG - Global Communications Mercedes-Benz Cars
Alexandre Malval le sait: désormais en tête des critères d’achat, le style est l’objet de toutes les attentions. Les enjeux sont si importants que, pour chaque programme, plusieurs centres sont en compétition. L’essentiel est préservé: il règne un bon état d’esprit entre les équipes des différents centres. «À chaque projet, il faut respecter une feuille de route et notre mission est d’y répondre le mieux possible en apportant un maximum de créativité, de fraîcheur et d’audace. Puisque nous sommes amenés à travailler pour toutes les marques du groupe Daimler, Mercedes, AMG, Smart, mais aussi celles des camions, nous devons à chaque fois développer une nouvelle sensibilité», raconte-t-il.
Après ces mois de confinement, Alexandre Malval n’est pas mécontent d’avoir rouvert les portes du centre. «Avec les mesures sanitaires, nous avons dû revoir la méthodologie de travail et obliger les designers à rester chez eux. Grâce au soutien de la maison mère, tout le monde a pu apporter sa station CAO (conception assistée par ordinateur) à la maison et se connecter au serveur», explique ce diplômé du Royal College of Art de Londres. «Reste que les travaux de modelage physique ont été interrompus à cause des risques que cela présentait pour les collaborateurs. Or, cette étape d’échanges humains autour de volumes à l’échelle 1 est cruciale. Elle permet de communiquer nos émotions. En vidéoconférence, c’est moins évident. On a passé beaucoup de temps à essayer de se comprendre. Heureusement, certains designers ont vraiment été performants chez eux, développant de nouveaux supports de présentation et multipliant les réalisations en 3D.»
Des difficultés qu’il a pu facilement surpasser, comme le souligne Xavier Peugeot, l’un de ses complices chez Citroën, grâce à «une lecture très automobile du style». Une qualité qu’il doit sans nul doute à son histoire. À la différence de certains de ses pairs, il a toujours voulu exercer ce métier.
«J’avais 5 ans lorsque j’ai fait la connaissance de Michel Harmand, un ami de mes parents qui dirigeait le style intérieur de Citroën. J’étais fasciné par ses maquettes en cerisier et en plâtre exposées dans son salon. J’ai eu beaucoup de chance de le rencontrer. Il m’a transmis sa passion. Je pense souvent à lui.» Garçon sensible plaçant la dimension humaine au-dessus du reste, Alexandre a les bonnes manières de son éducation. Des valeurs qui transparaissent à travers l’esprit d’équipe qui anime ses collaborateurs. «C’est notre fierté. Malgré les contraintes de la crise sanitaire, tous les projets confiés par l’Allemagne ont été traités sans retard et dans le respect du planning d’origine.»