Plus de surveillants et de caméras : les syndicats du Louvre engagent le bras de fer avec Rachida Dati

Le moment est idoine et les syndicats du Louvre comptent bien l’exploiter. Depuis le cambriolage de neuf pièces de bijoux impériaux dans la galerie d’Apollon, les représentants du personnel occupent le terrain, avec un message : depuis des années, le manque de gardiens et la diminution des effectifs ont fragilisé la sécurité du musée.

« Alors que les budgets et effectifs ont été systématiquement fléchés vers des activités annexes, la destruction des emplois liés à la sécurité et l’absence de financement des équipements techniques ont eu la conséquence que les professionnels redoutaient », estime le syndicat SUD. « Nous avions dès janvier 2025 alerté sur le manque de concours et de postes ouverts dans cette filière », dit de son côté la CGT, qui affirme que « le musée a perdu plus de 200 postes en quinze ans », et réclame un « plan massif de création d’emplois publics titulaires dans la filière accueil, surveillance et magasinage ».

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Le nombre de visiteurs - près de 9 millions en 2024 - met évidemment sous pression le personnel de surveillance : être posté dans la salle de La Joconde est une épreuve.

1 167 gardiens dans le musée

Selon les chiffres publiés dans les rapports annuels du musée, le Louvre employait, en 2024, 2 291 agents, dont 1 167 gardiens. En 2023, leur nombre était de 1 285 (sur un total de 2 213 salariés). À cela s’ajoute une brigade de 52 sapeurs-pompiers à demeure, laquelle dépend du ministère de la Défense. Avec tous ces agents, le taux d’ouverture des salles est de 92 % en moyenne. Le chiffre n’est pas mauvais, mais compte tenu du nombre de salles dans le musée il n’est pas rare que les visiteurs se trouvent devant une porte close.

Au moment des faits, cinq gardiens étaient présents dans la galerie d’Apollon, ce qui n’a pas empêché le casse. Selon le protocole du musée, les surveillants ne sont ni habilités ni équipés pour lutter contre les cambrioleurs. En cas d’intrusion, ils doivent alerter en urgence le PC de sécurité, puis veiller à évacuer le public le plus rapidement possible - ce qu’ils ont visiblement fait, dimanche, et qui leur a valu les « félicitations » de la ministre de la Culture. Si ce satisfecit a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux, par son côté presque absurde, il leur a donné des ailes pour la suite.

Deux jours plus tard, devant Rachida Dati, au ministère de la Culture, ils ont donc repris leur bâton de pèlerin. Et ont à nouveau fait pression pour obtenir des créations d’emplois, dans le budget 2026. Ce dernier s’annonce en baisse, avec 300 millions d’euros d’économies annoncés sur la mission culture. Pour l’instant, la ministre a tenu bon. Car c’est tout autant la présence humaine que les dispositifs techniques - comme les caméras de sécurité, à l’intérieur ou aux abords des monuments - qui contribueront à lutter contre les cambriolages. Quant à savoir s’il faudra un jour armer les agents, comme le sont ceux qui gardent les bijoux de la Couronne britannique, à Londres, on n’en est pas encore là.