Ligue des Champions : «quartier général», niveau Ligue 2... Les coulisses du club azéri de Qarabag par un de ses anciens joueurs français

Le club azerbaïdjanais de Qarabag a fait mieux que Manchester City, Naples ou le FC Barcelone après deux journées de Ligue des champions, et pour Adama Diakhaby, «il n’y a aucune surprise». L’attaquant de 29 ans, passé par Rennes et Monaco, a joué une saison et demie à Qarabag (janvier 2023 - juin 2024). Aujourd’hui au SV Waldhof Mannheim (D3 allemande), l’ex-international espoirs français livre son expérience du football à Bakou.

LE FIGARO - Vous avez découvert Qarabag en 2023, à 27 ans. Était-ce différent de ce que vous aviez connu en France et en Angleterre auparavant ?
ADAMA DIAKHABY - D’abord, il y a beaucoup de passionnés de football là-bas et un gros engouement autour de Qarabag. En termes de vie au club, je n’en ai tiré que du positif. Les gens du club étaient super aimants, super serviables. En termes d’infrastructure, c’est totalement différent de ce que j’avais pu connaître en France et en Angleterre. Là-bas, ils ont ce que de plus en plus d’équipes ont aussi je crois, quelque chose qu’on appelait le camp de base. C’est un centre d’entraînement où il y a tout, où tout se passe. On pouvait manger et dormir là-bas. Il y avait des étages avec des chambres. C’était vraiment le camp de base, ou le quartier général si je puis dire. (rires) 

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En France et en Angleterre, c’était : tu viens à l’entraînement, tu t’entraînes et tu rentres chez toi. À Bakou, chacun avait son propre chez-soi, mais on passait beaucoup de temps au «camp de base». Le côté positif, c’est que ça a créé des liens entre les gens, créé une équipe sur le terrain. Tu pouvais y passer la journée. C’était souvent le cas. (rires) On pouvait avoir rendez-vous deux ou trois heures avant l’entraînement. Après, tu as ton temps libre, tu peux faire ce que tu souhaites, rester dans ta chambre, manger, etc. Tout ce qui est en termes de soins médicaux, et récupération, c’était plus que correct. Il y avait vraiment de quoi faire bien son boulot.

Bakou ? C’est une grande ville qui ne dort quasiment pas. Je la compare à Dubaï ou Doha.

Adama Diakhaby, ancien joueur français de Qarabag.

Quel est le niveau du championnat d’Azerbaïdjan ?
Si je devais le situer par rapport à la France, ce serait entre le National et la Ligue 2... ou peut-être bas de tableau Ligue 2 dans l’ensemble. Mais il y avait vraiment des bonnes équipes et des bons joueurs. De mon temps, il y avait déjà beaucoup d’étrangers. Il y en a de plus en plus car ils ont supprimé les quotas (depuis l’été dernier). Quand j’y étais, il y avait toujours cette obligation d’avoir 5 joueurs formés localement sur le terrain. Maintenant qu’ils ont enlevé cette règle, ils attirent encore plus d’étrangers, beaucoup de Sud-Américains, de joueurs d’Europe de l’Ouest. Les résultats en Ligue des champions ? C’est mérité pour l’ensemble du club. Pour moi, il n’y a aucune surprise. J’y ai joué, c’était le même coach. La qualité des joueurs et de jeu qu’on avait... Si on regarde les matches, ils ne sont pas en mode «bloc bas, on défend, on met le bus et on contre-attaque».

Vous avez côtoyé Abdellah Zoubir, milieu offensif français, capitaine de Qarabag et meilleur buteur de l’histoire du club...
Premièrement, c’est un top mec humainement. Je suis un peu venu grâce à lui. (sourire) On avait beaucoup échangé avant que je vienne. Il m’avait déjà dit en amont beaucoup de bien du club, de la ville. Là-bas, on passait toutes nos journées ensemble parce qu’on était dans la même chambre dans un premier temps. Et puis c’est plus facile d’avoir un Français pour pouvoir communiquer au début, savoir comment ça se passe, quelles sont les règles, la vie au quotidien... Il a facilité mon intégration. En plus d’être un super mec, c’est un footballeur bourré de qualités. Je dirais même un joueur unique, parce qu’il est issu du futsal. J’étais en admiration avec ce joueur, je suis vraiment heureux pour lui. Il est considéré comme une légende du club.

Comment est la vie à Bakou ?
La vie là-bas est vraiment top. C’est une grande ville qui ne dort quasiment pas. Je la compare un peu à certains pays du Golfe, des villes comme Dubaï ou Doha. Il y a énormément d’étrangers, de personnes riches. Il y a aussi beaucoup de Français qui travaillent là-bas. Dans ma résidence, il y avait des familles françaises. Ça peut s’expliquer par le fait qu’en Azerbaïdjan, il y a beaucoup de gaz et de pétrole. La ville et même le pays sont aussi très sécurisés. Il faut un visa pour aller là-bas, ce n’est pas forcément facile d’y entrer. Mais je ne peux dire que du bien de ce pays. C’est peut-être le pays où j’ai le plus aimé vivre. En termes de confort, de qualité de vie ou même d’interaction avec les gens, c’était vraiment kiffant.