À Bordeaux, les voisins de l’église Saint-Jacques craignent son effondrement

À Bordeaux, les voisins de l’église Saint-Jacques s’inquiètent face à son risque d’effondrement

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REPORTAGE - Humidité, infiltrations, toiture endommagée... L’église Saint-Jacques menace de s’effondrer. Depuis 2021, les voisins mitoyens de la bâtisse réclament des travaux de mise en sécurité. Une première réunion de chantier est prévue le 23 octobre.

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Construite puis détruite au Moyen Âge avant d’être rebâtie au XVe siècle, l’église Saint-Jacques représente l’un des rares témoins encore debout de l’architecture religieuse bordelaise de cette époque. L’édifice, situé dans le centre historique de Bordeaux, est caché derrière des immeubles, entre la rue Saint-François et le cours Victor Hugo. Depuis plusieurs années, il s’avère que son état se dégrade dangereusement. «En 2001, le plafond du cœur de la bâtisse s’est affaissé. Les voûtes se sont effondrées», se souvient Bruno Labouille, habitant depuis près de 40 ans au deuxième étage du 14 rue du Mirail.

Les voisins mitoyens ont ouvert leurs portes au Figaro, qui a pu constater les dégâts. Chez Éric Sénéchal, lui aussi résident au numéro 14, un mur de pierre vient quelque peu gâcher le décor de son appartement, complètement pris par l’humidité en raison du mauvais état des murs de l’église. Des morceaux de peinture et de pierres jonchent le parquet. «En 2022, j’ai refait la peinture du mur, et au bout d’un an, il a commencé a gonflé et cloqué. La peinture a été poussée par l’eau», confie-t-il.

Le mur de l’appartement d’Éric Sénéchal et de sa compagne, voisins mitoyens de l’église Saint-Jacques, est sérieusement endommagé. Clément Arion - Le Figaro
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En montant sur le toit du bâtiment, on aperçoit une ligne de tuiles totalement cabossée, signe d’une charpente fragilisée, qui fait craindre le pire aux habitants. Le 30 avril 2023, une chute de pierres provenant du côté nord de la Chapelle, au 98 cours Victor Hugo, avait déjà alerté. «Les pierres sont tombées dans la cour d’une garderie d’enfants en bas âge», témoigne Bruno Labouille. La propriétaire des lieux depuis 1997, Madame Bouquet, qui a transformé l’intérieur de la chapelle en parking, a fait poser après cet épisode un filet de rétention pour contenir la chute de pierres.

«Imminence d’un effondrement»

Depuis le 3 août 2021, l’État, souhaitant préserver la bâtisse, a classé la chapelle aux monuments historiques par décret. En août 2024, un arrêté préfectoral avait ordonné à la propriétaire de réaliser des travaux de sécurisation. «Elle n’a malheureusement rien fait», souffle Bruno Labouille. Face à cette inaction, les voisins avaient engagé une action en référé et ont demandé au président du tribunal administratif de désigner un expert judiciaire. «Au mois de mai, l’experte est passée. Elle a constaté la catastrophe. Elle a informé la mairie et la préfecture sur l’imminence d’un effondrement», indique le résident. «Ça peut s’effondrer dans 15 minutes, comme ça peut ne jamais s’effondrer. On ne le sait pas. l’expertise judiciaire n’est pas terminée. Les constatations techniques sont importantes», précise de son côté Jean-Jacques Dahan, l’avocat de la propriétaire. «La propriétaire n’ayant pas procédé aux travaux, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Nouvelle-Aquitaine a finalement lancé des appels d’offres auprès d’artisans», explique-t-il.

Le 3 octobre 2025, la Drac a indiqué que l’appel d’offres avait abouti. Une première réunion de chantier aura lieu le 23 octobre prochain. Croisée sur la rue du Mirail, la propriétaire, visiblement agacée de la situation, nous signale que «l’église est vendue», et affirme «ne pas vouloir faire de commentaires». Un compromis de vente a été signé le 30 juillet dernier, par un nouvel acquéreur.

Les semaines à venir seront décisives pour l’avenir de cette église en péril. Pendant ce temps, les voisins restent inquiets, mais «il y a de l’espoir. On sent que ça bouge, on se sent enfin entendus», conclut Éric Sénéchal.

La toiture cabossée du bâtiment voisin de l’église Saint-Jacques. Clément Arion - Le Figaro