Lyon : un restaurant servant de «refuge» aux dealers fermé, alors que l’utilisation de la loi narcotrafic «monte en puissance»
La préfecture du Rhône annonce une montée en puissance de l’utilisation de la nouvelle loi, qui a déjà permis la fermeture administrative de quatre établissements suspectés de lien avec le trafic de stupéfiants ces dernières semaines.
Passer la publicité Passer la publicité«L’établissement constitue un point central du trafic de stupéfiants et de psychotropes». Installé dans le quartier populaire de la Guillotière, le restaurant El Morjane fait l’objet d’une fermeture administrative de trois mois décidé par la préfecture du Rhône, mardi, en raison de ses liens supposés avec le trafic de stupéfiants. Cette décision est permise par la nouvelle loi narcotrafic dont l’utilisation «monte en puissance» à Lyon a indiqué le préfet délégué pour la défense et la sécurité, Antoine Guérin.
Les policiers sont intervenus à 214 reprises en 2025 à proximité immédiate du restaurant El Morjane, situé à 200 mètres du commissariat du 3e arrondissement. Ils ont «régulièrement constaté aux abords du restaurant (…) la forte présence d’individus s’adonnant à des divers trafics», indique l’arrêté préfectoral de fermeture administrative consulté par Le Figaro. Des trafics de cigarettes, stupéfiants mais aussi de médicaments psychotropes. Ces individus, qui consomment du cannabis jusque sur la terrasse du restaurant, y trouvent même «un lieu de refuge», selon la préfecture.
Passer la publicitéLa clientèle de cet établissement se trouve par ailleurs régulièrement impliquée dans des rixes violentes, parfois avec armes. Des saisis d’armes ont d’ailleurs eu lieu. «Récemment, un homme a été visé par des tirs d’armes à feu dans ce secteur qui fait l’objet d’une recrudescence depuis plusieurs mois de faits de délinquance, selon la préfecture. L’auteur du tir a été interpellé très rapidement par la police nationale, tout comme la victime qui est soupçonnée d’être elle aussi l’auteur d’un précédent coup de couteau».
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Brasserie et supérette suspectes
Le préfet délégué a annoncé le déploiement d’unités de CRS mais aussi dédiées au flagrant délit pour endiguer cette dégradation. Il annonce aussi la poursuite des fermetures administratives des établissements qui sont liés aux trafics de stupéfiants et qui génèrent des troubles à l’ordre public. Un autre arrêté préfectoral a d’ailleurs été pris ce mardi à l’autre bout de la ville contre la brasserie Rosa Parks, dans le quartier de la Duchère. L’établissement qui jouxte le point de deal situé devant la bibliothèque du 9e arrondissement avait déjà été fermé en début d’année pour l’emploi dissimulé de deux salariés non déclarés.
Il est lui aussi suspecté de liens avec le narcotrafic en raison de la découverte de plusieurs dizaines de grammes de cannabis en son sein en 2024 et de la consommation de produits illicites sur sa terrasse. «Les gérants de l’établissement sont connus pour infraction à la législation des stupéfiants», ajoute l’arrêté préfectoral de fermeture. La présence du point deal à proximité du lycée de La Martinière a donné lieu à une vingtaine d’amendes forfaitaires ces derniers mois et à l’interpellation d’individus en possession de 1000 euros en petites coupures au mois d’avril.
La préfecture rappelle avoir aussi fermé une supérette à Vénissieux et un café à Villeurbanne «pour des liens avec les trafics de stupéfiants et des troubles à l’ordre public», depuis l’entrée en vigueur de la loi narcotrafic au printemps dernier. Par ailleurs, 58 interdictions de paraître ont été prononcées dans le Rhône pour une durée d’un mois. Enfin, huit procédures d’expulsions de locataires ont été lancées pour des motifs de troubles liés au trafic de stupéfiants et de troubles à la tranquillité publique.